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La bourse ou la vie

S'en sortir quand on n'a pas un rond

Ils sont plus de 75% à travailler à côté de leurs études pour payer leurs factures. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à ne pas parvenir à boucler leur fin de mois. Selon un récent sondage de l’OFS, la majorité des jeunes en formation vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pour les étudiants dont les parents gagnent peu, il y a bien sûr les bourses d’études cantonales. Mais vers qui se tourner lorsque la demande de soutien étatique a été refusée ? Géraldine Renggli, responsable du service social de l’Université de Neuchâtel fournit quelques pistes.

Loyer, frais de transport, taxes d’écolage, assurance maladie : au cours de sa formation, le jeune fait face à de nombreuses dépenses. Et la spirale de l’endettement guette. En matière de précarité, il n’existe pas de profil type. Ce peut être un étudiant étranger sans permis de travail en Suisse, un jeune père étudiant ou encore un adulte plus âgé qui a repris sa formation sur le tas. Dans tous les cas, les services sociaux des hautes écoles romandes s’adaptent aux besoins de chacun en proposant des solutions individualisées.

Aides bienvenues

Après un bilan complet de la situation financière de l’étudiant, les services l’orientent vers différentes aides. « Par exemple, nous soulageons les plus désargentés en leur octroyant un appui financier servant à couvrir une partie ou la totalité de la taxe d’études », indique Géraldine Renggli. En outre, la haute école neuchâteloise propose un type de soutien principal : le fonds d’aide sociale qui sert à couvrir les besoins vitaux (frais de logement, de nour¬riture, de santé et d’études). « Cette forme d’assistance est activée, en dernier recours, c'est-à-dire lorsqu’un étudiant ne peut pas solliciter d’autres secours (appui pa¬rental, bourses, aide sociale communale) », souligne la responsable du service social. À noter que ce coup de pouce n’est apporté qu’à partir du second semestre d’études afin de s’assurer que le jeune a effectivement commencé sa formation universitaire et qu’il ne perçoit pas de bourses d’études cantonales. « Avec cette pratique, nous sommes également cohérents par rap¬port à l’exigence de garanties financières posée par le ser¬vice des migrations, dans le cas d’étudiants étrangers », ajoute Géraldine Renggli.

Pour bénéficier de cette aide, financée par le biais d’un prélèvement sur les taxes d’études de la haute école, il faut, en outre, avoir un petit job ou obtenir un appui financier d’un tiers. L’université neuchâteloise donne aussi un coup de pouce financier aux jeunes plus avancés dans leurs études, par le biais de fonds privés émanant du rectorat. Par exemple, la bourse d’encouragement aux masters fournit 3'000 francs par semestre. « Ces subsides sont utilisés lorsqu’un projet d’études se trouve compromis faute de moyens financiers », précise l’assistante sociale. À noter que toutes les universités romandes proposent pareils appuis. À Lausanne, par exemple, près de 400 étudiants ont béné¬ficié d’une assistance finan¬cière de ce type. En cas de besoin, il ne faut donc pas hésiter à frapper à la porte du service social des établisse¬ments respectifs.

Se serrer les coudes

À côté de l’assistance fournie par les instances dirigeantes des hautes écoles, de nombreuses associations estudiantines viennent en aide aux futurs diplômés désargentés. Mais il s’agit souvent de contributions modestes et ponctuelles, comme c’est le cas pour l’Université de Lausanne dont l’organisation estudiantine, la Fédération des Etudiants de Lausanne (FAE) a versé 14'000 francs, l’année passée, à quelques 25 futurs diplômés. À Neuchâtel, depuis juin dernier, l’organisation Alternative étudiante durable (AED) organise, chaque vendredi, une distribution de nourriture gratuite. Les étudiants récupèrent les invendus dans les commerces de la région ou directement au¬près des agriculteurs du coin pour les redistribuer ensuite aux jeunes en manque de moyens.

Dans la jungle extérieure

Si l’on sort des murs du savoir, plusieurs fondations privées soutiennent les travailleurs de demain en manque d’argent. À noter que chaque organisation possède ses propres critères d’attribution. Les sites internet des universités et des administrations publiques renvoient aux différentes fondations soutenant les futurs diplômés. Et la page web du Département fédéral de l’intérieur (DFI) dispose d’un répertoire en ligne. « Les services sociaux communaux entrent aussi parfois en matière », précise Géraldine Renggli. Mais là aussi chaque commune pos¬sède ses propres règles. Enfin, certains cantons octroient des prêts sans intérêts à des étudiants non boursiers.