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Seul dans la jungle des possibles

LA LIBERTÉ DE FORGER SA PROPRE AVENTURE

São Paulo. Brasil. Expérience F-O-R-M-I-D-A- B-L-E. Simplement renversante. Voilà pour introduir.

Le Brésil est un pays que je préfèrerais définir comme un continent. Entre son Sud très européanisé, son centre (São Paulo, Rio de Janeiro...) très dynamique économiquement, entouré de splendides plages, son « Nordeste » (Bahia, Pernambouco...) coloré et musicalement souriant, ou encore son Nord couvert par la jungle sans pitié qu’est l’Amazonie, le Brésil présente une diversité surprenante autant au niveau culturel que sur le plan climatique.

NOUVEAU CHEZ MOI

Arrivé à São Paulo le 22 juillet, plein d'énergie et vraiment curieux quant à la ville, la culture, la langue, je me suis lancé avec enthousiasme dans l’aventure qui m’attendait. Les Brésiliens sont très ouverts et apprécient grandement l'intérêt montré envers leur culture et leur langue. Voilà donc que dès mes premiers jours, pendant lesquels je ne parlais que quelques mots de portugais, leur indulgence m'a marqué. Ils m’ont accueilli à bras ouverts et encouragé à entraîner mon portugais. N'étant pas vraiment de nature timide et ayant une passion pour les langues, je me suis jeté dans cette épreuve avec plaisir. Ma curiosité m'a donc poussé à poser une infinité de questions à chaque personne que je rencontrais dans la rue, pour savoir leur avis sur ceci ou ça, à discuter avec n'importe quel passant, commerçant ou autres - dont de nombreux sont devenus des connaissances ou des amis. Des questions comme «Comment on dit ce mot en portugais?», « Qu'est-ce que ceci veut dire ? », « Est- ce que ce Maracujá (fruit de la passion) vous semble mûr ? ». Oui, d'accord, même au Brésil ce comportement était un peu excentrique, mais les gens prenaient ça avec un sourire et aidaient volontiers ! La chaleur des Brésiliens s’est révélée à moi et je me suis rapidement senti intégré, ayant compris que ce n'était qu'une question de volonté : on peut très bien vivre dans un pays pendant un an et ne savoir que très peu de la culture locale en ayant un comportement passif (parce qu'on « attend » que la culture vienne à nous), ou alors on peut en seulement quelques jours ou semaines s'intégrer d'une façon largement satisfaisante dans la culture en s'y intéressant de façon active.

C'est aussi en faisant de cette découverte de la culture et de la langue une activité plein- temps que mon portugais s'est fluidifié rapidement. Un message important donc : la langue n’est PAS un frein pour une année d’échange ! Foncez, ça vient tout seul ! Et la connaissance de la culture ne fait qu'augmenter le désir d'en savoir toujours plus et nous voilà envolés dans un cercle vertueux vers la découverte d'un pays, d'une population, d'une langue et d'une culture.

BIG CITY

Bon, oui, São Paulo est grande. Avec 20 millions d'habitants dans la métropole, on peut véritablement la qualifier de jungle urbaine. Ceci s’accompagne forcément des quelques différences avec notre Europe et particulièrement notre petite Suisse: les constructions sont moins confortables, les routes et les trottoirs sont écaillés, le tout est pollué et le trafic est infernal - les bus passent quand ils veulent, s’ils veulent. Mais ces différences ne se font finalement remarquer que pendant les premiers jours, car très rapidement on s’y habitue et le décor nous devient tout à fait normal. Maintenant, ayant été confronté à d’autres régions et villes du Brésil, je trouve que São Paulo est une ville très soignée. C’est surprenant à quel point toutes ces impressions sont relatives !

SÉCURITÉ MAXIMALE

On entend souvent dire que le Brésil est un pays dangereux. Et du coup, beaucoup on peur d’y aller que ce soit pour le tourisme, le travail ou les études. Alors. Oui, la plupart des Brésiliens ont peur de sortir seuls le soir, même dans les quartiers sûrs. Ne parlons donc pas du vieux centre, qui est considéré comme mal fréquenté (il l'est en partie, étant proche de la Cracolândia, « pays du crack », surnom d’un quartier où règnent trafic de drogue et prostitution) et donc considéré comme dangereux. Pourtant, bien qu’on me dise souvent que je suis un peu naïf ou trop confiant, je rentre souvent seul, à pied, à des heures improbables. J’ai fréquenté toutes sortes de milieux et locaux. Il ne m'est jamais rien arrivé. Je me sens très en sécurité ici. J'estime cette ville vraiment sûre par rapport à sa taille, d'autant plus en préférant la prudence et donc en restant dans des quartiers plus étudiants comme Vila Madalena – bien que ce serait très dommage de se limiter à ces petites enclaves dans l’immense potentiel que présente São Paulo. Bien sûr je n'expose pas mon téléphone, je ne mets jamais de montre et je ne m'habille pas particulièrement à la mode ici.

Il n'y a donc pas à avoir peur à São Paulo, l’amicalité des Brésiliens rend une promenade dans cette grande métropole très agréable et sans crainte.

AS FAVELAS

Une autre chose qu'on vous dit en arrivant au Brésil : « Ne va jamais dans la favela ! C'est dangereux, tu pourrais te faire tuer ou kidnapper, dès les premiers mètres ! ». N'importe quoi. J’ai décidé d’en faire l’expérience, en passant trois jours dans Rocinha, la plus grande favela du Brésil, à Rio de Janeiro. C'est un autre monde, oui. Complètement. C'est une autre société, une autre époque, un autre temps. Mais ce n'est pas ce qu'on dit, je m’y suis senti très en sécurité. Les favelas sont souvent sûres car les malfaiteurs qui les contrôlent imposent une peur sur la population, qui ne transgresse donc pas les lois que ces bandits prescrivent. Il y règne, au contraire, une énergie époustouflante: on y sent la Vie! Dans chaque coin de rue, on entend de la musique et des conversations mouvementées, on voit des enfants jouer au football. Oui, certaines favelas sont dangereuses pour des « gringos » étrangers) comme nous, mais attention à ne pas généraliser comme le font les Brésiliens de classe moyenne ou supérieure qui craignent la favela plus que tout.

EXPLOSION ARTISTIQUE

Vivre au Brésil m’a introduit à l’époustouflante ambiance qui y règne et à l’énergie positive de sa population : on se croirait au milieu d'une foule écoutant la chanson du meilleur concert de l'année dès qu'on rassemble plus de dix Brésiliens et un peu de musique ! Ok, on y ajoute la caipirinha.

J'ai très vite commencé à courir dans tous les sens dans cette grande ville qu'est São Paulo : il n’y a jamais assez de temps dans une journée pour faire tout ce qu’elle a à offrir. Il suffit de ne pas avoir trop peur de l'inconnu et d’aller chercher les opportunités. Un des aspects qui m'a tout de suite marqué à São Paulo est sa richesse en culture artistique. Et ceci à tous les niveaux : musique, danse, cinéma, théâtre, photographie, peinture... L'art de rue est également très présent et regroupe tous ces domaines.

São Paulo est parsemée de SESC, qui sont des centres culturels de tous types et gratuits. Cela signifie que, tous les jours, il est possible d'aller voir une pièce de théâtre, regarder un film non-commercial, écouter un spectacle de musique ou de danse - et ce de haute qualité et sans dépenser un seul real (le « real » ou les « reais » est la monnaie brésilienne). De nombreux musées sont éparpillés dans la ville - du musée de la langue portugaise et de la « pinacoteca » au MASP (le plus grand musée d'art occidental de l'hémisphère Sud), en passant par des musées d'histoire ou d'art indigène, des musées d'art contemporain ainsi qu'une liste à n'en pas finir de petites (ou grandes !) galeries d'art privées parsemées dans toute la ville. Celles que j'ai visitées étaient concentrées sur la scénographie, la photographie, la bibliographie, la peinture et le théâtre. Dans ces lieux, j'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs petits spectacles et les gens sont simplement adorables. Cela m'arrive souvent d'y aller pour retrouver les artisans ou commerçants et boire un café avec eux. São Paulo, une rencontre entre l’esprit artistique innovant et la chaleur humaine. TM