Benjamin Cuche

Humoriste

Quitter tout jeune les bancs du conservatoire pour embrasser une rocambolesque carrière d'improvisateur professionnel, ça ne s'improvise pas?
Je ne sais pas si j'ai bien compris la question, mais bien sûr que ma vie, professionnelle ou pas, est complètement improvisée. Je n'ai jamais eu de plan de carrière, et mon seul souci est, comme dans une improvisation, que les choses se passent le mieux possible pour tous les protagonistes de mon existence.

«Je ne crois pas aux improvisateurs, avance Federico Zeri, historien de l'art. En réalité, le grand art est toujours le produit d'une extraordinaire habileté technique.» Approuvez-vous?
Je n'aurais pas la prétention de contredire un prix Nobel de l'art. En opportuniste que je suis, je vais même abonder dans son sens en soutenant que l'art de l'improvisation nécessite effectivement une habilité technique hors du commun. Et si tout le temps et les moyens qui sont consacrés à l'élaboration d'un spectacle de théâtre classique étaient mis au service d'un spectacle d'improvisation, on arriverait à des résultats étonnants. L'improvisation est un art extrêmement prétentieux pour lequel on n'investit toujours que trop peu de moyens.

Aujourd'hui, vous enseignez aussi votre art. Que conseillez-vous aux jeunes qui rêvent de fa ire leurs preuves dans le métier de l'humour?
De se mettre au travail tout de suite, pendant qu'ils sont encore en train de rêver. Ce n'est pas la réalité qui façonne les rêves, c'est le contraire.