HES: économie et services

Suite de la série dédiée à la Haute école Spécialisée de Suisse occidentale, avec Yves Rey, le directeur d'un des 7 domaines passés à la loupe.

Pourriez-vous nous faire une courte description du domaine économie et services?
En résumé, le domaine économie et services regroupe 5 filières de formation de base : l'économie d'entreprise, qui est la plus grande filière, l'informatique de gestion, l'information documentaire, la filière HES de l'école hôtelière de Lausanne (professions de l'hôtellerie et de l'accueil), et finalement la nouvelle filière tourisme qui a démarré cet automne. Le domaine économie et services regroupe l'ensemble des activités de formation de base et continue ainsi que de recherche appliquée et de développement pour ces 5 secteurs d'activité.

Si nous adoptons une approche par orientation, quelles sont les spécificités?
Pour l'ensemble des filières de la HES, le but est d'avoir des profils professionnalisants au niveau bachelor, pour que le diplômé soit le plus rapidement possible opérationnel dans son futur métier. Il existe ensuite des formations complémentaires pour faire des spécialisations. L'économie étant un secteur d'activité relativement large, l'étudiant doit être capable de trouver sa voie tant dans des branches telles que le marketing, les ressources humaines, la finance, etc. La filière économie d'entreprise, comme son nom l'indique, forme des profils généralistes de cadre moyen pour des PME ou des grandes structures dans le domaine de l'économie. Durant ses études, l'étudiant acquiert un véritable savoir-faire en matière de gestion d'entreprise, des compétences linguistiques solides, ainsi que la maîtrise des nouveaux outils de management et des instruments informatiques afin de pouvoir s'orienter dans les différents secteurs d'activité de l'économie. A noter que la formation possède la caractéristique d'offrir le choix entre un cursus en emploi (4 ans) et un autre à plein temps (3 ans). Le profil d'un informaticien de gestion, c'est un profil qui a beaucoup évolué ces dernières années. En effet, il y a 10 ans, l'informaticien de gestion avait l'image du codeur fou qui restait dans son bureau, quasi autiste de la communication. Il a donc fallu changer cette image et faire évoluer la formation afin que l'informaticien puisse occuper sa place actuelle, à l'interface des besoins de l'entreprise et des nouvelles technologies de développement. Compte tenu également de la complexification des architectures de développement ainsi que de ceux des besoins de l'entreprise, les systèmes d'information sont un élément clé du développement des entreprises. L'informaticien de gestion se trouve à une place privilégiée. Il doit pouvoir analyser correctement les différentes demandes (donc pouvoir communiquer et travailler facilement avec les différents acteurs), afin de transformer les besoins en outils informatiques. De ce fait, nous avons passablement recentré le profil de cette formation, afin de mieux couvrir, entre autre, l'aspect global et d'interface de ce métier.

Au niveau de l'information documentaire, c'est un profil de gestionnaire d'un service d'information et de documentation. Les diplômés sont des personnes capables de gérer des bibliothèques ou des centres de documentation de taille moyenne. Il s'agit également ici de métiers qui changent : l'informatisation progressive de tous les systèmes d'information entre autre exige de nouvelles compétences de la part des personnes y travaillant.

Pour la filière hôtellerie et profession de l'accueil, c'est une formation spécifique de gestionnaire pour le secteur hôtelier. Pour pouvoir gérer un hôtel, il faut se former à tous les métiers qui le constituent. Il y a donc une partie management très importante, mais il faut aussi se former à d'autres secteurs de l'hôtel comme la cuisine, le service, … Cette formation est orientée sur les besoins managériaux et également plus techniques de la branche ainsi que sur l'International. Les stages et les laboratoires pratiques font partie intégrante de la formation.

Concernant la filière tourisme, qui est donc une nouveauté, il faut savoir qu'il existait auparavant une formation ES (Ecole Supérieure) qui était donnée à Sierre pour la Suisse romande. Ces dernières années, nous avons constaté que le marché du tourisme se diversifie et se globalise. Tous les acteurs du tourisme doivent pouvoir travailler ensemble. Ces nouvelles donnes impliquent de faire évoluer le profil des diplômés qui sortent des écoles. Or, la formation ES ne suffisait plus à dispenser un savoir aussi complet. Nous avons donc déposé un dossier afin de faire passer cette formation en filière HES. Cette formation est basée à Sierre. Le but n'est pas de former des économistes d'entreprise «version tourisme», sinon nous aurions pu faire une orientation tourisme dans la filière économie d'entreprise. Il s'agit vraiment de spécialistes du tourisme. En plus de la partie management touristique, on y développe l'aspect « interculturel » ainsi que les aptitudes en communication et en langues. C'est une filière bilingue qui attire bon nombre d'étudiants provenant de cantons qui ne font pas partie de la HES-SO.

Quel est le profil de vos étudiants?
Il s'agit majoritairement d'étudiants qui ont une maturité professionnelle. Nous avons une minorité d'étudiants qui ont une maturité gymnasiale, ce qui est tout à fait logique, car en principe les maturités professionnelles partent dans les HES et les maturités gymnasiales se lancent dans des études à l'Uni ou dans les EPF.

Comment gérez-vous l'organisation par site?
Cette organisation qui paraît très compliquée est en réalité simple ! Nous avons 6 sites de formation en Suisse romande. A Genève nous formons en information documentaire, en économie d'entreprise et en informatique de gestion. A la Haute école Arc (à Neuchâtel et partiellement à Delémont), nous avons l'économie d'entreprise et l'informatique de gestion. A Yverdon et Fribourg, nous formons en économie d'entreprise. Au Chalet-à-Gobet (EHL) nous avons l'hôtellerie et les professions de l'accueil. Et finalement à Sierre, l'économie d'entreprise, l'informatique de gestion et le tourisme. Sur chacun de ces sites, les filières sont regroupées dans la même école. Pour chaque filière, un plan d'étude (dispensé ensuite dans les sites) commun à la HES-SO a été défini. Le profil de l'économiste d'entreprise, par exemple, même s'il peut être réalisé sur 5 sites différents, reste donc le même. Il est vrai qu'il y a des différences entre sites, car ce ne sont pas les mêmes professeurs ; mais les objectifs de chacun des modules sont définis en commun. Leur réalisation peut comporter des différences, nous en sommes tout à fait conscients. Toutefois, à la sortie, nous pouvons garantir pour chaque filière un profil homogène.

Quelles sont les conditions d'admission pour les différentes filières?
En règle générale, les MPC ont un accès direct. Par filière d'études, les conditions d'admission sont identiques pour chaque candidat, quelque soit le site choisi. Par contre, d'une filière à l'autre, les conditions peuvent légèrement différer. Un exemple, pour l'informatique de gestion, nous acceptons sans conditions des étudiants au bénéfice d'une maturité professionnelle technique avec CFC en informatique ou en électronique.

Quel type de mobilité proposezvous à vos étudiants?
Il y a 2 types de mobilité pour nous. La première est interne à la HES-SO : par exemple, en économie d'entreprise, les étudiants ont la possibilité de faire une partie de leur dernière année d'étude dans une autre école. Au niveau des autres filières, cette mobilité interne n'existe quasiment pas. Nous développons également une mobilité externe à la HES-SO, grâce à laquelle nos étudiants ont la possibilité, et cela reste encore fortement lié aux sites, de faire soit un semestre dans une école à l'étranger, soit un semestre d'échange et ensuite le travail de diplôme. C'est une mobilité qui est pour l'instant encore passablement liée aux sites. Certains établissements font de la mobilité depuis très longtemps, alors que d'autres pas du tout. A mon sens, c'est un domaine où les filières doivent encore beaucoup travailler.

La mobilité entre votre domaine et les universités est-elle forte?
A ce jour, elle est très faible. Par contre, nous sommes en train de travailler sur une possibilité de développer la mobilité pour les masters. Le jour où les masters seront bien établis dans nos écoles, il y aura réellement un peu plus de mobilité. Pour l'instant, nous avons quelques diplômés HES qui poursuivent avec un master à l'uni, mais cela reste très marginal, étant donné que la plupart des étudiants entrent directement sur le marché du travail.

Des masters sont-ils à l'ordre du jour?
Les premiers bachelors arriveront sur le marché en 2008. Au même titre que les autres HES, nous avons déposé auprès de la Confédération des demandes d'autorisation pour des filières master, et nous sommes actuellement dans l'attente. En cas de réponses favorables, nous débuterons ces programmes dès l'année académique 2008-2009...