Etudes et petite famille

mener à bien ses études n'est pas une sinécure; les conjuguer avec un enfant: easy ou mission impossible?

Nous avons rencontré Nolwenn 26 ans, étudiante en 4ème année de lettres et maman d'un petit bout de chou de sept semaines, Zoé.

Avais-tu déjà pensé à la possibilité d'avoir un bébé pendant tes études?
Non, pas spécialement, je pense que tu ne commences pas l'uni en disant je veux un bébé dans deux ans.. L'objectif premier était de faire l'uni. Le désir d'enfant est venu dans le couple lors de mon parcours universitaire. C'est quand on a commencé à en parler qu'on s'est demandé s'il était mieux d'attendre la fin des études. Le but était que Nicolas mon copain

ait fini son uni; du moment que j'étais enceinte on ne s'est plus posé la question de cette manière. Je ne voulais pas être dans le modèle où il faut finir ses études, avoir une maison, une voiture, etc... Un enfant c'est la vie, un choix et il faut l'assumer après, mais je comprends les gens qui font l'inverse. La réalité à prendre aussi en compte, c'est que tous les étudiants ne sortent pas du gymnase, certains ont déjà des enfants avant de commencer l'uni.

Penses-tu que le type d'études que tu as entreprises permettent de concilier la maternité contrairement à d'autres types d'études?
Je ne connais pas assez les autres filières pour répondre par l'affirmative, mais à priori je pense que les études de lettres sont assez favorables ; elles me laissent une souplesse au niveau des horaires notamment, par exemple de ne suivre qu'un cours ce semestre. La maternité permet également de demander un délai supplémentaire. Je perds peut-être du temps maintenant mais je pourrai rattraper mon retard par la suite. En lettres, il n'y a pas de parcours linéaire. Je ne me sens pas en décalage avec d'autres personnes. Ce type d'études me permet aussi d'avoir un travail fixe d'infirmière à côté qui me donne le droit d'avoir un congé maternité contrairement à d'autres mamans étudiantes.

Avant, tu devais concilier travail universitaire et professionnel. Cela te fait-il peur de devoir concilier une chose en plus?
C'est clair, ça ajoute quelque chose et ça demande de l'énergie. C'est pour cela que j'ai fait une demande de bourse. J'ai expliqué que jusqu'à présent je me débrouillais financièrement mais que je faisais du non-stop. J'ai motivé ma demande en disant que par la suite j'allais travailler moins mais avec des dépenses supplémentaires. Je reçois une demi-bourse d'indépendant, ce qui me permet d'envisager de reprendre le travail gentiment.

Quelles sont les démarches administratives que tu as dû entreprendre?
Mon statut est différent de certains boulots à la petite semaine qui n'offrent aucune prestation sociale, car je reçois un congé maternité. Je suis allée voir le SASC (Service des affaires socio - culturelles ), là on m'a conseillé de faire une demande de bourse, mais peu de choses sont proposées. On m'a parlé d'associations comme Mère- enfant, des endroits où tu peux trouver des habits, des poussettes etc…, pas chers. Si on en fait la demande, l'uni peut entrer en compte pour une aide ponctuelle. Nicolas travaille aussi à temps partiel et a également droit à des allocations. Il a aussi du temps libre pour s'occuper de Zoé car en tant qu'étudiant, il peut aussi se permettre de louper un cours, ce qui n'est pas possible au travail, voilà le côté positif. Pour la crèche, on a tout de suite fait la demande mais il y a un délai d'attente très long. Tout le système est centralisé maintenant donc en tant qu'étudiantes on n'a pas de priorité sur les deux crèches de l'uni. Il y aura des contraintes plus tard avec les horaires de la crèche et ceux des cours que je serai obligée de suivre. Ce qui est aussi important pour nous puisque l'on n'a pas beaucoup de revenus, c'est que le prix de la place en crèche est au prorata de ce que l'on gagne.

La grossesse t'a-t-elle posé problème dans le déroulement de tes études?
Non, j'ai eu beaucoup de chance et j'ai pu suivre un cursus normal mis à part à la fin de ma grossesse où j'ai dû renoncer à la session d'examens parce que je risquais d'accoucher à tout moment. J'avais beaucoup de contractions et je n'arrivais plus à rester assise longtemps. J'avais aussi le stress d'être maman et je devais me préparer un minimum, je ne pouvais à ce moment-là plus concilier les deux, mais je ne regrette pas cette décision. Éviter de devoir rendre des travaux à la fin du terme est un bon conseil même si certaines étudiantes y arrivent !

Depuis l'accouchement, as-tu rencontré des difficultés dans tes études liées à ta situation?
Je n'ai pas encore assez de recul pour en parler. Pour l'instant, j'arrive à suivre chaque semaine le cours que je voulais, mais cela me prend plus de temps que de suivre deux périodes en temps normal, parce que je dois tirer mon lait.

Connais-tu d'autres mamans étudiantes?
Oui, je connais une personne en lettres qui a un enfant de deux ans. Cela ne l'a pas empêchée de continuer. Elle a aussi renoncé à se présenter à une session, mais a rattrapé son retard à celle d'après. Parfois un enfant peut aussi être un moteur. Le problème est que les examens sont des périodes de travail intensif et je ne sais pas encore comment on va faire. Le reste de l'année peut se planifier plus facilement même s'il faut changer ses habitudes. Certaines personnes sont obligées de faire garder leurs bébés en périodes d'examens. Pour le moment Zoé dort beaucoup, ce qui me laisse du temps pour réviser, ensuite elle ira à la crèche. Je pense finir mes études dans deux ou trois ans. Pour l'organisation au quotidien je verrai avec le temps, c'est finalement un problème qu'on retrouve chez tous les parents.

Et de nous exclamer en choeur: finalement être étudiante, c'est un travail comme un autre ! Les autres mamans recommencent aussi à travailler en baissant leur temps d'activité. Ce sont un peu les mêmes problèmes d'organisation.